1 décembre 2024
De la spiritualité médiévale aux calendriers modernes : l’évolution de l’Avent oscille aujourd’hui entre traditions spirituelles, coutumes et calendriers. L’Avent, du latin adventus signifiant « venue », est une tradition chrétienne apparue dans l’Église dès le IVᵉ siècle. Destinée à préparer les fidèles à la célébration de Noël, ce n’est qu’au Moyen Âge avec le règne de Charlemagne vers l’an 800 que l’Avent prend véritablement la forme que nous lui connaissons. Elle a une signification spirituelle profondément ancrée dans l’attente et l’espérance de Noël. En effet la date importante du culte chrétien était avant cette date l’Epiphanie.
Initialement, cette période s’étalait sur 40 jours. Similaire au Carême elle était marquée par le jeûne, la prière et des offices religieux solennels. Dans certaines régions, l’Avent symbolisait également la fin de l’année liturgique. Et était l’occasion de réflexion avant d’accueillir le renouveau incarné par la naissance du Christ.
Les rites médiévaux variaient d’une région à l’autre. En France et en Allemagne, des messes matinales appelées Rorate étaient célébrées à la lueur des bougies, offrant une ambiance mystique propice à la contemplation. Ces pratiques, souvent oubliées aujourd’hui, illustrent la manière dont l’Avent était vécu comme un véritable temps de dévotion et d’introspection.
La période de l’Avent est riche en symboles: les plus emblématiques sont la couronne de l’Avent et ses quatre bougies. Ces éléments, devenus incontournables, trouvent leurs origines dans des pratiques païennes réinterprétées par le christianisme.
La couronne, traditionnellement en sapin ou en pin, représente l’éternité et l’espoir, tandis que les bougies, allumées successivement chaque dimanche de l’Avent, symbolisent la lumière qui dissipe les ténèbres. Chaque bougie a une signification particulière, souvent associée à des thèmes comme la paix, la foi, la joie et l’amour.
Au-delà des objets, l’Avent incarne un temps de préparation spirituelle. Les fidèles étaient invités à se purifier intérieurement pour accueillir la lumière divine. Dans certaines familles, des chants et des prières spécifiques rythmaient les soirées, transformant l’attente en une véritable expérience collective.
L’idée du calendrier de l’Avent remonte au XIXᵉ siècle en Allemagne. A cette époque on cherchait à rendre l’attente de Noël plus palpable, notamment pour les enfants. Avant ces versions commerciales, il était courant dans les foyers allemands de tracer des marques de craie sur les murs ou d’accrocher 24 petites bougies que l’on allumait jour après jour. Ces gestes simples reflétaient une volonté de rythmer le temps tout en insufflant une dimension spirituelle.
Aujourd’hui, les calendriers modernes sont souvent remplis de chocolats. Popularisés à partir des années 1920 et prenant tout leur essor après-guerre, ils se sont largement éloignés de leur fonction religieuse initiale, mais conservent l’esprit d’excitation et de découverte d’origine. On trouve encore un calendrier publié en 1946 en Allemagne si vous aimez les beaux objets.
Chaque pays a enrichi l’Avent de traditions propres. Dans les pays Scandinave, la Sainte-Lucie est célébrée le 13 décembre. Elle illumine cette période avec des processions de jeunes filles vêtues de blanc, portant des couronnes de bougies. En Espagne, des crèches grandeur nature, les belenes, sont soigneusement installées dans les foyers et les églises, mettant l’accent sur l’histoire de la Nativité.
Dans chaque culture, c’est l’occasion de renforcer les liens familiaux et communautaires, en transmettant un message universel.
Au fil des siècles, l’Avent s’est transformé pour s’adapter à des sociétés de plus en plus sécularisées. Si son essence religieuse s’est estompée pour beaucoup, l’Avent reste un moment de rassemblement et de partage. Les couronnes trônent dans les salons, les calendriers garnis de surprises se diversifient et les marchés de Noël, hérités des foires médiévales, enchantent petits et grands.
Cependant, un retour à la dimension spirituelle de l’Avent émerge, notamment chez ceux qui cherchent à redonner du sens à la période des fêtes. Les pratiques modernes, comme le calendrier inversé — où l’on offre un don chaque jour jusqu’à Noël —, illustrent cette volonté d’allier tradition et solidarité.
En fin de compte, l’Avent reste bien plus qu’une période d’attente. C’est un héritage vivant, à la croisée des chemins entre le passé et le présent, entre la foi et la célébration, entre la lumière et l’espoir.